Carnet de voyage Pérou 2010

 

Une photo pour un «nouveau soleil»

Une photo pour un «nouveau soleil».

Carnet de voyage

Première partie

Mon voyage au Pérou commence il y a plus de trois ans, en fait avant même de savoir que j’irais au Pérou. À vrai dire, ce n’est pas un voyage que je souhaitais faire,  je voulais plutôt aller à la rencontre d’une langue, d’une culture, d’un autre pays, à la rencontre des autres et de  moi-même à travers le dépaysement. Je sais à quel point observer les gens vivre différemment, partager leur quotidien nous permet d’apprendre et d’évoluer.   C’est une façon de se questionner sur le sens de notre vie, de  réviser nos valeurs, de nous mesurer à nous-mêmes.

Je me veux libre et indépendante. Ni la peur de l’inconnu, ni la crainte de la solitude, ni l’argent ne doivent  m’empêcher d’aller au bout de mes rêves.

Je souhaite être dérangée, bouleversée,  déstabilisée et même si cela me place dans une situation de vulnérabilité je sais aussi que c’est la seule façon de s’ouvrir. Sortir de son confort, de sa routine, ne plus être, pendant quelques semaines, une conseillère pédagogique, une mère, une conjointe, devenir en toute humilité quelqu’un qui a tout à apprendre des autres, quelqu’un qui ne comprend pas tout, qui cherche de nouveaux repères, qui réapprend à parler.

Prendre le risque de la découverte, apprendre voilà l’aventure…

27 octobre 2010

Gaspé-Québec-Toronto-Lima

J’ai de la chance, tout va comme sur des roulettes, même pas un petit retard de vol.  Arrivée à 23 heures à Lima, je dors un peu dans un coin de l’aéroport sur le plancher, la tête appuyée sur ma valise.

28 octobre

Lima-Cusco

Départ à 6 heures, j’arrive à Cusco vers 8h30.  La coordonnatrice de l’école de langue m’attend à l’aéroport.  Nous prenons un taxi et je me rends à mon hôtel pour me reposer. Je bois un «mate de coca» à mon hôtel, un organisme sans but lucratif dont les profits servent à organiser des activités pour les enfants de la rue.  Je donne des nouvelles à ma famille par Internet et je dors un peu.  Je ne sais pas vraiment si c’est la fatigue du voyage ou bien le «soroche», mais j’ai toujours soif, j’ai un peu mal à la tête et me sens très fatiguée.  En après-midi je vais faire un tour en ville et vais manger un peu.

En soirée, l’école de langue propose une activité : une séance de cuisine péruvienne.  Malgré la fatigue, je décide d’y participer histoire de rencontrer d’autres élèves de l’école et de profiter au maximum de mon expérience et de déjà commencer à parler espagnol.  Nous sommes une dizaine, quelques personnes responsables de l’école et des élèves, presque tous des Hollandais qui participent au programme de bénévolat offert par l’école.  En pelant les patates et en coupant les œufs, les uns et les autres racontent leurs aventures de bénévolat, un Canadien de Toronto raconte comment il s’est retrouvé à porter un objet saint dans une église pour aider un curé et est finalement sorti à l’extérieur alors que les gens lui lançaient des pétales de fleurs sans qu’il puisse vraiment comprendre ce qui se passait….  Mon  espagnol est très laborieux, je suis trop fatiguée pour fournir l’effort nécessaire pour soutenir une conversation dans une autre langue.  Je rentre tôt et je me couche.

L'école de langue Proyecto Peru

Le lendemain, je me rends à l’école  à 10 heures.  Je prends des arrangements avec la coordonnatrice  pour commencer mes cours dès le lendemain.

Le père de ma famille péruvienne, Rudy,  doit venir me chercher à l’école à 10h30.  Il arrive bien sûr en retard en bon latino-américain… et me propose d’aller voir une exposition en plein air de l’école des beaux arts et de revenir chercher ma valise plus tard.

La rue de l’école des beaux arts est remplie de monde qui déambule devant des artistes à l’œuvre, des sculptures, des peintures… Rudy connaît plusieurs personnes, il a d’ailleurs étudié dans cette école même s’il n’a jamais terminé de diplôme… Nous entrons dans l’école dont les murs sont d’origine incas mais que les Espagnols ont recouverts d’autres pierres.

Nous nous rendons ensuite à la maison en taxi. Rudy m’identifie tout ce que nous voyons au fur et à mesure. À notre arrivée, je rencontre la mère, Grima, et le petit dernier de la famille, Victor, âgé de 20 mois. La famille habite un appartement modeste sur deux étages dans un immeuble de plusieurs appartements.

L'entrée de la maison

J’occupe une petite chambre au 2e c’est tout à fait convenable. Des tableaux de Rudy sont accrochés au mur du salon et représentent  les lignes de Nazca. Il me raconte qu’il avait une entente avec un commerçant européen qui lui en achetait pour les revendre en Europe,  mais qu’il n’en achète plus depuis la crise économique.

Quelques oeuvres de Rudy

Il y a aussi deux grandes sculptures qu’il a fabriquées. L’appartement donne sur un trottoir, il n’y a pas d’accès direct à la rue. Tout le quartier est conçu de cette façon : des immeubles donnant sur des trottoirs et des petits parcs.

Trottoir en face de la maison

Rudy et moi nous nous rendons dans un atelier d’ébénistes pour faire réparer une chaise que l’école de langue lui a confiée.  Une odeur de cèdre plane dans ce hangar ou on fabrique des meubles. Une petite fille arrive avec son père.  Elle se montre très timide, elle tient un pain duquel sort un visage de poupée.  Je comprendrai plus tard l’origine de cet étrange pain…

De retour à la maison, vers 13h30 j’entends les filles arriver de l’école. Elles montent à la chambre qu’elles occupent à côté de la mienne.  Je sors pour les saluer. Je constate avec stupéfaction qu’elles ne peuvent certainement pas avoir 6 et 7 ans comme l’indiquait le formulaire de renseignements envoyé par l’école.  Je m’exclame : comme vous êtes grandes! Et leur demande : quel âge avez-vous? Elles ont 16 et  presque 17 ans (anniversaire dans 1 semaine).  Je pense aux Barbies que j’avais achetées pour elles et me demande ce que je vais faire avec ces cadeaux!  Nous mangeons. Les filles sont enjouées et vives, le petit Victor est toujours collé à sa maman qui l’allaite encore.

Nous partons ensuite faire des courses au Mégamercado.  Nous empruntons quelques uns des trottoirs qui traversent le quartier. J’essaie de me donner des points de repère pour pouvoir me retrouver. Tout me paraît pareil… J’adore visiter les marchés dans les pays étrangers. Il y a un guichet automatique à l’entrée de l’établissement, ce sera pratique,  Rudy me montre des tables qu’il a fabriquées et qui sont en vente dans le magasin et puis nous nous achetons du yogourt, des barres de céréales, des fruits et des légumes.  Nous revenons par un autre chemin.

Avant le souper, j’offre mes cadeaux en prenant soin de m’excuser pour le cadeau des filles et en leur montrant les dates de naissance qui m’avaient été données par l’école.  Nous rigolons beaucoup, les filles disent qu’elles ont toujours rêvé d’avoir des vraies Barbies. Pour les parents, j’avais apporté une planche à découper en érable piqué, du sirop d’érable et un Inukshuk.

La salle à manger

En fin de journée,  nous recevons la visite d’un Tio dont je ne comprends pas un mot puisqu’il n’articule presque pas… et finalement un peu plus tard, un ami d’enfance de Rudy nous rend aussi visite. Il est dentiste et se nomme Alejandro.

Je me couche assez tôt car le lendemain j’ai mon premier cours d’espagnol.

Samedi 30 octobre

Nous déjeunons vers 7h30.  Rudy travaille habituellement le samedi, les filles vont à l’église pour des activités offertes aux jeunes. Grima me demande à quelle heure je reviendrai et je réponds que je ne sais pas. Elle m’accompagne jusqu’à la rue pour que je trouve un taxi.  Elle paraît un peu inquiète de me laisser aller seule en taxi et me dit qu’elle préférait que je prenne le collectivo parce qu’il y a toujours des gens et que c’est moins dangereux pour une fille seule. Je préfère tout de même prendre le taxi tant que je n’ai pas de points de repère et parce que je n’ai pas le temps de me perdre!…  L’école se situe à environ 6 km de la maison.  J’envisage de revenir à pied de l’école pour pouvoir me familiariser avec la ville.

Mon professeur se nomme Cécilia, elle est biologiste de formation et doit avoir environ 50 ans. Elle est très gentille.  Nous faisons connaissance en discutant avant de commencer la leçon de grammaire.  Déjà au sortir de la classe, j’ai un premier devoir à faire, une composition.

La coordonnatrice de l’école m’annonce que le lendemain une Allemande arrivera dans ma famille. Je lui demande où elle dormira puisqu’il n’y a que 3 chambres dans l’appartement et elle me répond qu’elle prendra celle à côté de la mienne. Je me demande bien où les filles vont dormir… Elle me demande si je peux accompagner la nouvelle venue pour venir à l’école la première journée.

Je décide de me promener au centre de la ville et d’aller visiter le quartier bohème de San Blas où je prends mon dîner.  Ensuite, je décide de tenter de revenir à la maison à pied.  J’ai une carte du centre de la ville et dans mon livre de tourisme une carte qui couvre un peu plus grand. J’ai vérifié avant d’arriver à Cusco où habitait la famille sur Google map par rapport au centre. Première constatation, les noms des rues ont été changés et sont dorénavant affichés en Quechua, un dialecte des Andes et toutes les rues ne sont pas représentées sur ma carte. Je me dirige donc un peu au hasard. J’adore marcher dans les villes étrangères et prendre le temps de me perdre.  Il y a beaucoup de chiens abandonnés.  Je tombe sur le marché populaire de San Pedro que j’avais entrevu le jour de mon arrivée. Des cochons entiers gisent sur les étales, des paysans offrent des fruits et des légumes sur des couvertures tissées posées à même le sol, des boutiques de nourriture bordent les trottoirs.  Les rues sont remplies d’autochtones et je suis la seule touriste à des kilomètres à la ronde. Je tente de retrouver la direction de la maison sans succès et je calcule le temps qu’il me reste avant que le jour ne tombe vers 17h30 car il me sera probablement difficile de retrouver la maison à la noirceur.  Je décide donc de prendre un taxi.  J’ai appris comment négocier la course et quelles indications donner mais comme l’appartement ne donne pas sur la rue, je dois retrouver moi-même l’endroit.  Je marche un peu et étudie la morphologie du paysage.  Je reconnais la rue que nous avons descendue pour aller à l’atelier d’ébénisterie et me rappelle que l’appartement se trouve dans une section tout à fait plane. Finalement, je retrouve les trottoirs caractéristiques du quartier et je finis par apercevoir le Tio, que j’appelle Tio parce que je ne comprends pas son nom…  Quand j’arrive la mère est dans tous ses états, inquiète de mon arrivée tardive, elle croyait que je reviendrais dîner avec eux….

Seule avec elle pendant quelques heures, elle me raconte un peu sa vie, me parle de ses origines campagnarde et me confie ses déboires de couple, me décrit les métiers qu’elle a pratiqués.  J’apprends aussi qu’elle lave le linge à la main mais qu’elle est contente d’avoir une essoreuse depuis peu,

Le linge lavé à la main sèche à côté de la chambre des parents qui devient la chambre de toute la famille parfois...

que le réfrigérateur n’est pas encore complètement payé mais qu’il ne fonctionne plus…Les filles arrivent et nous discutons un peu, je leur montre des photos de ma famille sur ma caméra.

Le frigo ne fonctionne plus alors il vaut mieux le laisser entrouvert pour éviter les odeurs...

Au souper, je propose à la famille de cuisiner du pain doré le lendemain matin et de goûter le sirop d’érable.  J’ai acheté du pain de céréales dans une petite boulangerie de San Blas. Je prévois aussi préparer du pâté chinois pour lendemain soir.

Nous recevons la visite de la  sœur de Rudy qui tient une agence de voyages me propose un forfait pour aller au Machu Pichu,  Je lui dit que je vais attendre de rencontrer l’Allemande pour voir si nous ne pourrions pas y aller ensemble mais que si j’y vais seule, j’irai avec son agence.

Dimanche 31 octobre

Victor est déjà déguisé en ours lorsque je me lève.  C’est l’halloween aujourd’hui. Je prépare du pain doré et tout le monde semble se régaler. Les filles font le ménage de leur chambre qu’elles laissent à l’Allemande qui arrive.  Les cinq membres de la famille dormiront dans la même chambre dorénavant…. Je me mal à l’aise et je pense que peut-être je pourrais partager la plus grande chambre avec l’Allemande mais la mère me dit que tout le monde a un lit et qu’il n’y a pas de problème. Jenny arrive avec beaucoup de bagages… Elle passe 3 mois en Amérique latine. Son conjoint viendra la rejoindre dans quelques semaines et ils iront en Équateur ensuite.  Elle a 35 ans et a entamé des démarches pour adopter deux enfants colombiens, comme ils auront entre 0 et 5 ans, elle veut parfaire son espagnol  pour pouvoir communiquer avec eux.  Elle se débrouille bien déjà mais on reconnaît son fort accent allemand.

Victor

Victor

En après-midi, Jenny et moi sortons en ville.  Le centre est très animé, plusieurs enfants y  passent l’Halloween (ils ne passent pas de maison en maison mais de commerce en commerce seulement). De retour à la maison, je cuisine un pâté chinois en compagnie du Tio qui semble bien m’aimer… Il ouvre les boîtes de conserve à la pointe du couteau et pile les patates.

Jenny se couche se couche très tôt.

Ma chambre que j'ai pour moi toute seule alors que les 5 membres de la famille dorment dans la même...

Semaine sainte

Même si le 1er et 2 novembre sont des congés fériés, nous avons des cours de 8h30 à 12h30 et une heure de devoirs à faire tous les jours pour le lendemain.  Nous prenons vite l’habitude de retourner à la maison dîner et faire nos devoirs puis  de retourner en ville pour visiter un peu.   Nous nous aventurons aussi à prendre le collectivo. Le collectivo est un système de fourgonnettes à peine plus grandes qu’une Toyota Previa dans lesquelles s’entassent les Cusqueños jusqu’à ce que la porte ne puisse plus fermer.  Il y a des passagers qui prennent place à côté du chauffeur. Un préposé est chargé d’ouvrir la porte coulissante (si elle ferme encore) et de crier le nom des arrêts. Il se charge aussi de récolter l’argent (environ 25¢).  Nous sommes souvent debout  parfois même le dos courbé parce qu’il n’y a pas suffisamment d’espace pour se tenir complètement debout.  Quand l’arrête est annoncé, il faut crier «Bajo» pour s’assurer que nous pourrons nous frayer un chemin jusqu’à la porte pour descendre.  Les écoliers empruntent aussi ce transport. Ce sera notre mode de transport jusqu’à la fin du séjour.

Nous prenons le colectivo sur l'Avenida de la cultura près de la maison

Jenny s’est inscrite au programme de bénévolat de l’école.  Elle commencera la semaine suivante et travaillera avec des enfants.  Je croyais que je ne parlais pas suffisamment espagnol pour faire ce genre de chose mais finalement, je décide de tenter l’expérience et je demande à l’école d’accompagner Jenny.  Normalement, il faut s’engager pour un minimum de 4 semaines.

Le 2 novembre est le jour de la fête des morts. Rudy, Alejandro et moi  projetons de nous rendre au Cimetière où les gens apportent des offrandes à leurs disparus comme de la nourriture. Jaime, un Espagnol, qui habite le quartier viendra avec nous.

Nous nous promenons dans les rues bondées.  Il y a des kiosques de nourriture partout qui offrent entre autres des «cuis» rôtis (cochons d’inde)

Les cuis sont cuits, cuits, cuits près du cimetière...

ainsi que  des objets à placer dans les huches du cimetière.  J’ai mal au ventre, autant dire que je n’ai aucune envie de manger ce qui nous est offert. Rudy m’explique que les corps sont enterrés en dehors de la ville mais que les familles gardent une huche avec une épitaphe, une photo du mort. Cela ressemble à un grand columbarium en plein air.  Certaines familles embauchent des musiciens pour jouer les airs préférés de leurs disparus.

Au cimetière, musique pour un disparu...

Après la visite, nous croisons le Tio et nous sommes invités à prendre un verre chez la sœur de Rudy. Un neveu qui habite en Italie vient d’arriver pour se marier civilement (il est déjà marié religieusement mais pour faciliter l’immigration légale de toute la famille, ils ont trois enfants, ils doivent le faire civilement).  Nous sommes invités au mariage.

3 novembre et jours suivants

La nuit, il arrive que des chats se battent sur la toiture  en plexi-glace de la cuisine de  notre appartement  qui donne juste sous les fenêtres de notre chambre quand ce n’est pas les chiens errants que nous entendons japper au petit matin. Nous nous levons vers 6 heures pour prendre une douche tiède, l’eau chaude étant une denrée rare au Pérou… Le système pour chauffer l’eau se trouve directement sur le pommeau de douche et lorsqu’il m’arrive de le toucher accidentellement je prends un petit choc électrique.  Il paraît que c’est bon pour le coeur!

Grima nous prépare des jus de fruit frais tous les matins. Nous déjeunons puis quittons la maison vers 7h45. Il fait toujours frais tôt le matin, autour de 5 degrés,  La température se réchauffe au courant de la journée et peut atteindre les 20-25 degrés mais demeure changeante. En nous rendant sur l’Avenida de la Cultura pour prendre le collectivo,  nous croisons presque invariablement la même meute de chiens abandonnés ou presque, composée d’environ dix bêtes.  À chaque fois, cela me fait penser au titre d’une des oeuvres de  Mario Vargas, écrivain péruvien et prix Nobel de littérature 2010:  La ville et les chiens… À Cusco, on trouve des chiens abandonnés partout.

Nous arrivons presque toujours les premières à l’école de langue.  Nous nous empressons de nous préparer un maté de coca pour nous réchauffer avant de nous rendre en classe.  À la pause, nous descendons dans la cour intérieure de l’école pour profiter du soleil et discuter avec les autres étudiants.  En tout, leur nombre varie de 20 à 30 à chaque semaine. La plupart participe au programme de bénévolat.

Mardi en sortant de l’école, nous assistons à une parade d’enfants à la Plaza de armas. Ils portent des costumes et nous offrent un spectacle de danse traditionnelle.

Parade à la Plaza de armas

Parade à la Plaza de armas

Au milieu de la semaine, Jenny et moi, commençons à organiser notre excursion au Machu Pichu. Sur les conseils de Rudy, décidons de faire une partie du trajet vers le Machu Pichu en taxi et de prendre le train à Ollantaytambo jusqu’à Aguas Calientes, le village près du site archéologique où nous dormirons pour partir très tôt en direction du site avant que la masse de touristes arrive en groupes organisés. Après le cours d’espagnol, nous nous rendons à la station de train pour acheter les billets mais la station est fermée (horaire latino non affiché et variable… plusieurs commerces sont fermés de 13 heures à 15h30).  Nous nous rendons ensuite à la maison de la culture pour acheter nos billets d’entrée pour le site.  Nous avons un peu de difficulté à trouver l’endroit et là aussi c’est fermé.  Nous rentrons à la maison pour manger et faire nos devoirs mais revenons visiter le Musée d’art précolombien au centre par la suite.

Cécilia, mon enseignante, d’espagnol est charmante.  Elle me pose beaucoup de questions sur le Québec sur les différences culturelles avec le reste du Canada et avec les États-Unis. Je lui raconte l’histoire du Canada, la bataille des Plaines d’Abrahams, la révolte des patriotes, la crise d’octobre, la révolution tranquille, etc. Elle m’explique qu’elle travaillait dans un laboratoire auparavant, elle faisait des analyses mais elle devait payer elle-même ses gants en latex ce qui représentait une somme considérable. Elle a donc cessé de les utiliser et a développé une infection.  Elle a dû cesser de travailler pendant quelques mois et a décidé de changer d’emploi par la suite.

Érica l'enseignante de Jenny, Cécilia mon enseignante, Dora la coordonnatrice et la secrétaire de l'école

Elle me demande de lui expliquer ce qui me surprend, ce que j’aime et ce que j’aime moins du Pérou et pourquoi j’ai choisi ce pays pour tenter l’expérience que je suis en train de vivre.  J’ai choisi le Pérou sa culture Inca, pour les Andes et parce qu’on peut facilement y faire du bénévolat.

Après des séjours au Mexique, au Venezuela, à Cuba et au Chili, aux États-Unis, en France, en Belgique, en Italie, en Hollande, en Espagne, ajouter à des années de correspondance avec un Chilien et un Cubain,  j’ai l’impression d’avoir quelques points de comparaison pour me faire un portrait sans doute superficiel et plus ou moins exact de la réalité latino-américaine… Je n’ai aucune certitude, que des perceptions que des rencontres et des expériences nourrissent et transforment.

On peut dire que le Pérou, comme plusieurs pays de l’Amérique latine, s’avère sous-développé.  Le gouvernement est corrompu et peu de mesures sociales assurent la protection et le bien-être des plus démunis. Pas d’assurance-chômage, pas de bien-être social.  Le développement économique se fait au profit de compagnies étrangères, dont plusieurs compagnies chiliennes. Plusieurs Péruviens quittent le pays à la recherche de travail et de meilleures conditions de vie ailleurs.  Des mendiants, des vendeurs itinérants, des enfants et des jeunes vivent dans la rue.

Cusco: l'envers de la carte postale

Cusco : l'envers de la carte postale

En résumé, voici ce que je trouverais difficile à vivre à long terme et ce qui me plaît dans la culture péruvienne ou latino-américaine…

J’aime moins J’aime
Les latinos ne veulent pas déplaire alors ils ne disent pas directement ce qu’ils pensent mais plutôt ce qu’ils croient que les gens veulent entendre.
Les maisons sont toujours ouvertes aux amis et à la famille. Il n’est pas nécessaire de s’annoncer.
Les latinos sont rarement ponctuels.  Ils peuvent vous faire attendre très longtemps. Ils prennent le temps de se saluer, de discuter en toutes circonstances…
Ils ont le sens de la fête et aiment s’amuser.
Les Cusqueños conduisent dangereusement et ne démontrent aucune politesse au volant.
Les Péruviens, comme la plupart des latinos, sont machistes. Les hommes latinos-américains se montrent galants et courtois avec les femmes.
En général, ils nourrissent des attentes par rapport aux étrangers qu’ils perçoivent comme très riches. Ils sont serviables et affables.
Les Péruviens sollicitent beaucoup les touristes.
Les latinos-américains ont le sens de la famille et ils adorent les enfants.
Ils sont  affectueux, expressifs, chaleureux, sensibles et sentimentaux.

Toutes ces discussions sont prétextes à l’apprentissage de l’espagnol et doivent se faire en fonction de ce que j’apprends (temps de verbe, expressions…)

Le jeudi , nous réussissons à acheter nos billets de train et nos laisser-passer pour le Machu Pichu. En soirée, l’école propose un cours de salsa. Nous sommes une quinzaine à y prendre part.  Il faut bien admettre que ni les Européens, ni les Nord-américains avons la danse dans le sang!!! Nous dansons avec nos pieds alors que les latinos dansent de tout leur corps avec une telle sensualité!!! Nous rigolons beaucoup de nos maladresses.

Vendredi après-midi, Rudy nous amène à un terminus où il négocie un taxi pour Ollantaytambo que nous partageons avec un jeune couple d’amoureux péruviens.  Jenny monte devant parce qu’elle a le mal des transport et que les routes serpentant les Andes recèlent de virages en tête d’épingle. Je prends place derrière avec les jeunes amoureux, seuls au monde, pour qui rien d’autre n’existe que leur amour. Ils demeurent collés l’un à l’autre pendant tout le trajet.

Les routes de montagne

Les routes de montagne

Ollantaytambo se révèle un village magnifique.  C’est le seul site Inca autour de Cusco où les Incas ont vaincu les Espagnols. Du haut de la montagne (tous les sites incas se situent en haut d’une colline) ils ont ouverts les canalisations pour inonder les contrebas et éloigner les Espagnols. Dommage, que nous n’ayons pas beaucoup de temps pour nous y attarder.  Nous allons boire un pisco sour avant de prendre le train.

Site_Ollantaytambo

Site Ollantaytambo

Village Ollantaytambo

Le village d'Ollantaytambo

Le train est la seule façon de se rendre à Aguas Calientes, le village aussi appelé Machu Pichu pueblo.  Lors des inondations de février 2010, la voie ferrée a été coupée et les touristes ont dû revenir à pied du site.  Je rencontrerai Monica plus tard, qui me racontera qu’elle a mis plusieurs jours  pour en revenir.

En faisant la file pour prendre le train, nous rencontrons un groupe de Hollandais. L’un d’entre eux vit à Santiago au Chili.  Je lui révèle que j’ai un ami qui vit à Buin et il me dit qu’il connaît le zoo. Mon ami Carlos vit à quelques mètres de là. On peut entendre le rugissement du tigre de son jardin juste de l’autre côté du chemin privé de terre et du mur de pierre qui le sépare du zoo.

Notre aubergiste nous attendra à la gare d’Aguas Calientes où il n’y a pas de taxi. C’est un village vraiment sans aucun charme créé exclusivement pour accueillir les touristes en route pour la cité des Incas.

Aguas calientes

Notre Bed and Breakfast s’avère très correct. Nous nous levons à 4h30 pour pouvoir prendre un des premiers bus pour le site afin d’éviter la masse de touristes.  Au premières lueurs du jour, nous arrivons au site.

1 commentaire

Classé dans Uncategorized

Une réponse à “Carnet de voyage Pérou 2010

  1. Carlos González

    Al fin tengo la oportunidad y el tiempo suficiente de leer este blog de mi amiga canadienne. Las aventuras de MHB por latinoamérica son realmente interesantes y como « socióloga » ha hecho una descripción impresionante de la cultura que la acompañó durante esta experiencia única, que muy pocos podrían contar de la forma que ella lo hace. Es una maestra del diálogo y una escritora excepcional…espero los otros capítulos…

Laisser un commentaire